Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-.... Pff.
« Si quelqu'un pouvait monter, ce serait cool. »
Altan avait l'habitude d'être seul. Enfin, plutôt, il était forcé à la solitude depuis... depuis beaucoup trop longtemps. Ses douze ans, pour être exact. Quoi qu'il n'était pas très sûr. Après tout, ça commençait à dater un peu.
Accoudé à sa seule fenêtre, dans sa tour n'ayant ni escaliers ni porte, le brun observe pour la vingt-douzième fois le paysage en face de lui. Rien n'a changé, les saisons avancent, les feuillent roussissent, et lui est toujours enfermé dans sa tour. Bof, c'est pas si mal, au fond. Sa "mère" s'occupe bien de lui, il est protégé des dangers extérieurs, mais à quel prix ? C'est vrai, ça ! À 19 ans, il n'a aucun souvenir d'être un jour parti nager dans la rivière ou d'avoir grimpé dans les arbres de la forêt environnante. Plus le temps passe et plus il a envie de découvrir le monde, chose qu'Euginia lui refuse systématiquement, malgré son insistance.
« Si les gens te voient, ils vont t'enlever, te tuer, te noyer ou que sais-je encore ! »
Alors, en mettant de côté le fait qu'il apprécierait de rester entier et vivant, ses réponses et assimilés sont à présent loin de l'effrayer. Il a presque encore plus envie de descendre pour vérifier ces menaces. Quand il avait 12 ans, ce genre de mensonge passait très bien, mais maintenant....
« OK, ça doit être désagréable. Mais quand même, merde. »
Dans un élan de... de connerie, hein, c'est une très mauvaise idée, le brun balance sa brosse hors de la tour. Un véritable génie. Ce petit éclat de stupidité ne le rend que plus blasé et morose pour la journée. Pfff... Posant son hérisson sur l'épais bord de la fenêtre, il détresse ses cheveux en soupirant sans conviction.
« Ça craint... »
Sur ces bonnes paroles, le brun scrute l'horizon. Meh. Si quelqu'un pouvait venir le chercher, ce serait sympa. Nan parce que faut pas déconner non plus, mais les mamans possessives ça va bien 30 secondes. Pour se changer les idées, il se met à chanter, la tête dans la main. Les journées s'écoulent beaucoup trop lentement pour son espoir de sortir.
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-… Pff.
Héraklès chevauchait depuis des heures, lui semblait-il, laissant le vent fouetter son visage avec plaisir, un large sourire sur les lèvres.
Il avait laissé derrière lui le château et les ennuis, préférant battre la campagne (ou la forêt, plutôt) et se vider l'esprit avec de l'air frais.
Ces derniers temps, la couronne était trop lourde à porter. Quelques cancans diraient que c'est le fait d'être seul sur le trône qui était sans doute le problème. Lui, il dirait juste que c'est l'ennui et l'absence totale de motivation. Il n'y était que parce que son père en avait eut marre de régner et qu'il avait profité de la récente majorité de son premier-né pour le coller sur le trône à sa place afin d'embarquer son épouse pour partir à la pêche. Un plan de retraite comme un autre.
Ce n'était pas très responsable de sa part, mais ne vous inquiétez pas, son frère est en pleine formation royale et il a l'habitude de récupérer les affaires du royaume lorsque son aîné pétait un plomb. Comme maintenant.
Son cheval montrait des signes de fatigue, le décidant à faire une halte. Ça tombait bien, il y avait une rivière non loin.
Laissant sa monture boire, il observa les environs, les découvrant. Il était allé bien loin, dis donc, sans s'en rendre compte. Il devrait faire attention, sa présence pourrait être prise comme une déclaration de guerre.
- Tu vas mieux ? Demanda-t-il à son cheval. Ou tu OUNG !
Sa tête partit en avant alors qu'il accusait le coup. Que venait-il d'arriver ?
Les sourcils haussés, il scruta le sol à la recherche de ce qui l'avait percuté. C'est tout juste si ils n'avaient pas disparu sous les boucles lorsqu'il aperçut enfin l'objet du délit.
- … Une brosse ? Mais… Qu'est-ce qu'elle fait là ?
Ignorant la bosse qui grossissait dans sa nuque, il descendit de selle pour ramasser la brosse, la retournant en tout sens.
- D'où tu peux bien venir ?
Remontant sur son cheval, il décida d'explorer les environs afin de trouver le ou la propriétaire. Pour s'expliquer, en premier lieu, pour le lui rendre en second lieu.
Il fut assez surpris en découvrant une tour bien haute et sans la moindre porte d'accès. C'était quoi, ça ?
- Eh oh ? Il y a quelqu'un ? Tenta-t-il.
Maintenant, prions pour que personne ne le voit, c'était suffisamment la honte comme ça.
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-.... Pff.
« Si quelqu'un pouvait monter, ce serait cool. »
« -ake me by your side, take me with y-eh ?... »
C’est sans grande conviction que le brun se penche en avant pour regarder le sol. Sol qui semble si près qu’il le nargue, mais le captif ne tentera pas de sauter. Il est peut-être un peu lent, mais pas totalement stupide. Et c’est avec stupéfaction qu’il aperçoit un.... un point. Un gros point, hein. Une silhouette, à la limite. Un truc qui bouge, quoi.
« Nan, y’a personne ! Que des brosses qui volent ! »
Nan mais quelle idée de poser ce genre de question. Est-ce qu’il fallait vraiment, merci à son karma, qu’il tombe sur un simplet pour première rencontre ? Le brun soupire faiblement et reste penché vers le bord
« JE suis là. Ça se voit, non ? »
Et ça se voit, normalement. Heureusement qu’à cette distance, personne d’autre que le hérisson ne peut voir sa blasitude absolue. Quelque part, c’est dommage, mais c’est surtout une bonne chose. Qui voudrait l’aider en se rendant compte qu’il n’arrive pas à exprimer d’émotions, hein ? C’est pas vendeur du tout, pas sexy.
Il se mordille la lèvre en repartant à l’intérieur et finit par s’asseoir au bord de la fenêtre. Il n’a jamais eu à se plaindre de sa garde-robe, merci à Euginia. Hésitant une nouvelle fois, le brun finit par demander un peu plus posément.
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-… Pff.
Il ne s'attendait pas vraiment à une réponse, la tour était vraiment en ruine et semblait abandonnée. Donc, lorsqu'il en reçut une, il sursauta, observant les environs, tel un animal traqué, avant de relever enfin la tête, dans la direction dans laquelle semblait provenir la voix. Il y avait vraiment quelqu'un, là-haut ?
- Te… Vous… faire descendre ?
Ah, désolé, il avait oublié d'emmener avec lui sa poulie et ses câbles. Quel étourdi, alors ! Il avait dû quitter le château trop vite, trop tôt.
Complètement blasé, pour le coup, il joua avec la brosse, hésitant à la rendre.
- Ça vous arrive souvent de balancer des objets sur des étrangers ou c'est juste ma tronche qui ne vous revient pas ?
Il croisa les bras, gonflant les joues alors qu'il boudait ostensiblement.
Merde, quoi, on ne lançait pas un objet par une fenêtre sans s'assurer qu'il n'y avait personne. À moins que ce ne soit volontaire, bien sûr.
Il n'était pas sur de vouloir savoir la réponse, autant parce qu'elle ne lui plairait pas forcément, mais surtout parce qu'il n'était pas sensé être là.
- Non, finalement, ne répondez pas, je m'en fous. Vous voulez récupérer votre brosse ou c'était un acte purement délibéré ?
Bon, il était prince, mais il pouvait la mettre lui-même à un endroit plus approprié.
Son cheval s'ébroua auprès de lui, paraissant s'ennuyer. Mais bon, lorsqu'il commencera à ronfler les yeux ouverts, il s'en inquiétera.
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-.... Pff.
« Si quelqu'un pouvait monter, ce serait cool. »
Boudant à moitié, Altan se sent un peu désemparé quand l'autre lui demande si c'est intentionnel. Le brun grimace faiblement en l'entendant l'engueuler. Roh, c'est bon, ça va, c'est juste une brosse. C'était pas un couteau, une hache ou un tabouret. Et puis il l'a pris pour qui, un barbare ? C'est un jeune homme civilisé qui vit en haut de cette foutue tour, non mais.
« Si j'avais su que quelqu'un était là, non ! Je ne... vais blesser personne intentionnellement »
Légitimement surpris de la question, il y a tout de même répondu. C'est malpoli de ne pas répondre aux gens, mais il ne sait pas quoi faire si on lui pose une question pour l'annuler ensuite. C'est plutôt spécifique comme cas de figure.
« Et j'aimerais bien la récupérer, oui... Mais j'aimerais encore plus sortir. »
À un moment, dans la vie, il faut bien fixer ses priorités. Celles du brun sont très claires pour le moment : il veut se barrer d'ici. Légèrement hésitant (nan, parce que le péquenot, d'en bas, il a pas l'air léger) il finit par soupirer un peu.
« Si... Vous voulez monter, pour je n'sais quelle raison, j'ai mes cheveux. C'est comme ça qu'elle monte. »
Oui, ça a l'air bizarre comme ça, mais c'est comme ça que ça fonctionne. Le pauvre détenu regarde son éventuel sauveur du haut de sa tour, la tête dans la main.
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-… Pff.
… Monter… Avec ses cheveux ?
Il avait cru comprendre qu'il avait vaguement l'air benêt, mais celle-là, c'était sans doute la meilleure…
Il se contenta de ricaner en réponse, n'arrivant pas à y croire.
Ce n'est pas tous les jours qu'on obtenait pareille invitation, il fallait dire !
- Êtes-vous donc si démunis que vous ne puissiez vous offrir quelques escaliers ou échelles ? Voir même une corde ?!
Les picots de la brosse lui rentraient sous les ongles et dans la chair, mais il n'en avait cure.
- C'est étonnant, malgré tous les précepteurs et les leçons que j'ai reçu, je n'ai jamais entendu parler d'un pays limitrophe au mien aussi pauvre.
Ce n'était pas très urbain de rire, mais au moins, ça permettait d'oublier la douleur qui continuait de pulser désagréablement derrière ses yeux.
- Franchement, avec des cheveux ? Laissez-moi rire !
Enfin, il n'avait pas vraiment attendu qu'on lui donne la moindre invitation, il était assez grand pour le faire tout seul.
Derrière lui, son cheval s'était désintéressé de la conversation pour brouter paisiblement. En tout cas, l'herbe avait l'air très bonne au vu de son appétit.
- Vous êtes comique dans la vie, c'est ça ? Et j'imagine que vous vous donnez en spectacle du haut de votre tour tous les soirs ?
Ils étaient drôles, dis donc, les habitants du coin ! Peut-être devrait-il prendre contact avec le souverain afin qu'ils lui en cèdent quelques uns. Ça distrairait au moins quelques unes de ses soirées de solitude entourée.
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-.... Pff.
« Si quelqu'un pouvait monter, ce serait cool. »
... OK, c'est bon, il va lui balancer un tabouret en plus de la brosse, quelque chose du genre. Il est INSUPPORTABLE.
« Si j'avais une corde je serais parti, sombre idiot ! »
Calme toi Altan, tu es une fabuleuse princesse. Le pauvre brun se facepalm de désespoir. C'est qu'il était tout content, lui. Il se disait "trop cool, je vais enfin pouvoir me barrer d'ici !" mais non, évidemment ! Salaud. Faut pas faire espérer les gens comme ça. En plus il a besoin de dormir à la belle étoile, lui. Ce toit au dessus de sa tête le rend totalement fou. Mais tiens, il a une idée. Avant même que le salaud ait pu réagir, il se retrouve avec le contenu d'un seau de lavage volant au dessus de la tête. Le "splatch !" retentissant en bas fait franchement du bien aux nerfs du captif. Être forcé de faire le ménage à grandes eaux toutes les semaines dans sa cellule ne lui a jamais paru si gratifiant~
« L'envie de rire vous est passée ? C'est bien de se moquer des pauvres hères ? »
Il est bien remonté, le brun, son seau encore dans les mains. Il le repose lentement, surveillant ce que fait l'autre en bas..... Il l'a peut-être raté. Mince. Ah, ce serait très dommage, mais ça reste possible. Se penchant au bord, il vérifie où est la zone humide sur l'herbe. C'est toujours aussi haut, pas moyen de se laisser glisser.....
« Faites-moi descendre ! J'ai un chat et un hérisson avec moi, les pauvres. »
Il joue un peu ses cartes sensibles, là. Les animaux devraient pas être enfermés dans si peu d'espace.
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-… Pff.
Relevant la tête, une vanne sur le bout des lèvres, Héraklès se reçut un seau d'eau bien froide qui lui fit aussi produire quelques bulles alors qu'il ouvrait la bouche. Ça, il ne s'y était pas vraiment attendu.
Retenant un éternuement, il referma sa prise sur le manche de la brosse, grelottant dans ses vêtements humides et collant à son corps.
Reculant d'un pas, il ferma un œil et avisa le visage bien visible au milieu de l'embrasure sombre. Un petit plus à droite… Là, parfait.
- Tenez, je crois que vous avez oublié quelque chose !
La brosse esquissa une courbe parfaite, ravissant le prince. Ce n'était pas tous les jours qu'on y parvenait !
- Bien, maintenant que nous avons marqué un point tous les deux, tentons de parler en gens civilisés. Vous avez dit que vous avez des animaux avec vous. Déjà, je ne veux même pas imaginer l'état de votre demeure si ils ne sont jamais sortit. Et encore moins comment ils sont arrivés là.
Il grimaça, tournant le visage sur le côté en tirant la langue, croisant le regard de son cheval qui avait relevé la tête un instant, de l'herbe tombant de sa bouche. Mouais. Pas de soutien de ce côté.
- Si vous voulez tant descendre, allez-y, sautez ! S'exclama-t-il, les bras tendus, les jambes fléchies.
Il s'attendait réellement à ce que cet inconnu commette le geste, habitué à rattraper son frère lorsqu'il grimpait trop haut et peinait à redescendre.
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-.... Pff.
« Si quelqu'un pouvait monter, ce serait cool. »
Le brun a à peine le temps d'esquiver la brosse qu'elle lui rebondit sur le front. Grimaçant, il la rattrape adroitement avant de se frotter le front. C'est.... Bien envoyé. Il l'a sûrement méritée, celle-là. Légèrement vexé, tout de même, il se passe la main sur la nuque en regardant le chat qui dort sur son lit.
« C'est elle qui me les a amenés et ils sont bien traités. »
Puis il hausse un sourcil, plutôt.... intrigué. Il est totalement con, ce gars, ou ça peut encore se soigner ? Altan se penche un peu pour l'examiner de son perchoir. Mouaip. Il est toujours aussi petit à cause de la hauteur.
« Vous êtes complètement fou. Ramenez moi une corde plutôt. »
Il soupire et se pince l'arête du nez, priant pour qu'elle ne revienne pas. Pas tout de suite. Son prochain espoir de sortie serait à peu près... Moui, "jamais", c'est l'idée.
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-… Pff.
Bon bah, il aurait essayé, au moins. Même pas drôle.
- Je n'ai PAS de corde ! De quelles longueurs sont vos cheveux ?
Bon, en désespoir de cause, il pouvait bien donner un peu de crédit à ses propos de tantôt. Si, effectivement, on pouvait grimper avec, alors peut-être que la réponse se trouvait dedans. Enfin, dessus. Euh… ça sonnait vraiment étrange, quelque soit la tournure de la phrase.
- Et je commence à avoir vachement mal au cou, donc, bon, on se dépêche, mademoiselle !
Baissant la tête, il se massa la nuque avec application, faisant refouler la douleur. Cette tour était vraiment haute ! Franchement, avait-on idée… Et puis, d’ailleurs, qui l’avait construite ? Qui en avait ordonné la construction ? Qui…
Qui s’en intéressé, en fait ?
Pas son cheval, c’était sûr, celui-ci toujours appliqué à arracher le moindre brin d’herbe aux alentours. Il s’approcha de lui, quand même, fouillant dans ses fontes pour s’occuper. Il l’avait déjà dit, il n’avait pas de corde. Il était sortit pour prendre l’air pas pour se pendre, merci bien. Par contre, il avait des carreaux d’arbalètes. Pourquoi pas ?
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-.... Pff.
« Si quelqu'un pouvait monter, ce serait cool. »
Quelle chance avait-il pour tomber sur un enfoiré ? Bon, d'accord, beaucoup. Peut-être "beaucoup trop" en réalité. Mais il avait eu l'espoir. Blasé, le brun accroche sa natte au crochet à l'extérieur de sa fenêtre, assis sur le rebord.
Bon, à part la vieille, il n'a jamais vu personne monter la tour. Lui, il a quand même l'air plus lourd... En espérant que ça ne change pas trop, Altan s'installe mieux, en tailleur, défroissant ses manches courtes.
« Princesse vous-même. »
C'est si compliqué de voir que c'est un HOMME ? Gnnrrjbg. Le brun se doute que c'est juste pour l'emmerder, mais quand même. Il jette un oeil en bas pour voir que la tresse arrive quasiment au bas de l'édifice. À croire que ses cheveux ne poussent plus à présent. À moins qu'elle les lui coupe de temps en temps lorsqu'il dort. Donc elle a peut-être une corde, elle. Ou un grapin, ou un truc qui s'accroche...? Naaah. Sûrement pas. Ça doit être dans sa tête.
Le dos bien calé contre la pierre, il ferme les yeux, s'attendant à avoir plus ou moins mal. Quoi, vous pensiez que c'était trop la magie et qu'il ne sentirait rien ? Mon oeil ouais. La vieille monte vite donc ça va, mais le prince-serpillière, là, il n'a pas l'habitude... Préparant sa mort intérieure, Altan soupire doucement.
« Si vous pouviez vous dépêcher, ce serait bien. »
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-… Pff.
Avisant la cascade capillaire, Héraklès hésita un instant. Mais dans quoi allait-il s’aventurer de nouveau ?
Soupirant de lassitude, il s’empara des carreaux d’arbalètes et de ses gants de monte, sentant que les cales provoquées par la pratique des armes allaient lui sauver les mains.
Se rapprochant de la base de la tour, il planta le premier carreau et s’assura de la sûreté de cette première prise. Cela fait, il attrapa la natte, tirant un peu dessus afin de garantir sa montée. Mourir n’était définitivement pas dans son planning du jour.
Le prince s’entoura la taille de cette simili corde avant de débuter sa pénible ascension.
Il en était à la moitié lorsqu’une pensée fugace le traversa. Pourquoi il faisait ça, au fait ?
Un regard vers le sommet ne lui permit pas une meilleure assurance pour autant. Il n’y avait pas de fabuleuse jeune femme à sauver ou une quelconque aventure qui ferait palpiter son cœur le temps d’un instant. En fait, il n’y avait rien.
Bon, avec un peu de chance, il y aurait un bon thé à déguster là-haut.
- Faites chauffer l’eau, j’arrive, marmonna-t-il entre ses dents.
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-.... Pff.
« Si quelqu'un pouvait monter, ce serait cool. »
Ouch... Il s'y attendait, mais... C'est tellement, tellement lourd... Heureusement qu'à force, il ne sent plus grand chose. Le brun est bien calé, il ne risque pas de glisser et de tomber, au moins. C'est l'expérience qui parle. Altan ferme les yeux, supportant la douleur sans (trop) broncher, tout en restant le plus immobile possible. Il n'ose pas trop voir où est l'autre idiot dans son ascension.
Quelque part, il a très peur d'être déçu. Et s'il mentait juste ? Naan... Tous les princes sont bons, bien sûr. Évidemment. C'est pour ça que PERSONNE n'est venu le chercher depuis toutes ces années.
« Pitié, mère. Ne me faites pas tomber sur un idiot... »
"Ne me faites pas tomber" non plus, d'ailleurs, tant qu'à faire. Nan parce que ce serait dommage de progresser si loin dans son évasion pour s'aplatir comme une crêpe en bas, il faut l'avouer. Le brun finit par entrouvrir les yeux pour surveiller sa théière. OK, c'est bon. Le temps que l'idiot monte, le thé devrait être parfait. C'est sûr que, seul là-haut, il s'ennuie beaucoup. Alors il a également fait des cookies. Oui, il a BEAUCOUP de temps à perdre.
Grimaçant un peu plus, il se cale mieux contre la pierre, avant de sentir le chat sauter sur son ventre pour regarder en bas l'autre monter. Il miaule doucement et redescend dormir près du feu. Lui, au moins, il a compris ce qui compte dans la vie~.
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-… Pff.
Forçant sur ses bras, Héraklès pouvait voir le bord de la fenêtre se rapprocher de plus en plus, ce qui était motivant. Plus vite il remettait les pieds sur un sol, plus vite il pourrait souffler. On pouvait être sportif et ne pas apprécier les efforts, hé !
Après tout, il était connu pour être le prince de la paresse.
Cette réputation avait au moins le mérite de le faire sous-estimer par ses adversaires.
Les bras raides et les muscles douloureux (ou l’inverse), il se hissa sur la rambarde, se laissant glisser sur le parquet en soufflant fortement. On repassera sur la séduction du premier regard, hein.
- J’y suis parvenu…
Il avait le souffle court et haché, rendant sa prononciation difficile mais audible.
- Rappelez-moi de connecter mes neurones la prochaine fois que je dois prendre ce genre de décisions…
Il roula sur le dos, inspirant profondément. Ce n’était pas le moment de faire une crise d’asthme, c’était derrière lui ! Ou alors, une toute petite…
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-.... Pff.
« Si quelqu'un pouvait monter, ce serait cool. »
Ce n'est que lorsque la légère pression se dissipe qu'Altan... OK, il avait tout exagéré, d'accord. Son cuir chevelu ne souffrait pas le martyr. Mais il est bien content de ne plus être tout seul là-haut. C'est déjà ça, non ?
« ... Merci d'être monté, déjà. C'sympa. »
Le brun détache ses cheveux du crochet et le laisse reprendre son souffle pour aller préparer le thé. Il n'a pas menti, au moins. Très intéressé par le nouvel arrivant, le chat vient renifler Hellas de manière intensive avant de s'étaler sur son nouveau matelas humain. Parfait. Il est moelleux et ferme à la fois, c'est une merveille.
La "princesse" tente de ne pas se moquer trop fort. Il a fait le chemin et c'est déjà sympa, pour un prince. D'habitude il se fait ignorer et c'est pas super gentil. Lui tendant la main, il sourit doucement.
« Ça... Ça va ? Vous pouvez respirer ? »
C'est qu'il s'inquiète un peu, le bisounours brun. Bon, au moins, le chat l'a adopté ? C'est.... bien ? La boule de poils ronronne, donc ça doit être bien. Toujours pas tranquillisé, le captif attrape un éventail et envoie un peu d'air sur son invité. Un jour, il arrêtera peut-être d'être gentil, mais sûrement jamais.
« Heu, il y a du thé et des cookies. Si vous voulez. C'est petit mais faut bien que j'm'occupe. »
Et peut-être qu'un jour, il arrêtera de se justifier. Mais encore une fois... C'est très peu probable.
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-… Pff.
Les jours sombres de son enfance à lutter pour reprendre sa respiration le hantèrent quelques secondes avant qu’il n’arrive à prendre une bouffée d’air libératrice.
Il remercia son hôte pour l’air qu’il lui prodiguait. Ça n’avait pas grande utilité, mais au moins ne l’avait-il pas ignoré, comme certains avaient déjà pu le faire.
- C’est bon. Et j’apprécie l’invitation.
Il taquina le chat afin de le faire descendre de son torse, voulant se lever à son tour. Vous avez déjà tenté de respirer avec ces faux maigres sur la cage thoracique ? Le cauchemar des asphyxiés.
- Allez, bouge de là, boule de poil.
Il finit par se relever, s’époussetant légèrement et retirant ses gants, présentant ainsi sa main à l’inconnu. Il était plus que temps qu’ils fassent connaissance, après tout !
- Je m’appelle Héraklès. Je vis dans le royaume voisin, ce qui fait que je n’ai pas la moindre idée du nombre de loi que j’ai dû briser en venant vous rendre visite.
Il lui sourit poliment, ses muscles le lançant toujours. Il ne risquait pas d’oublier cette montée de sitôt !
- Au passage, l’odeur de vos cookies est des plus alléchante.
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-.... Pff.
« Si quelqu'un pouvait monter, ce serait cool. »
C'est donc un Altan plus souriant qui aide le prince à se relever. Le chat reste blotti contre les tibias du prince, ronronnant tranquillement. Le brun s'étire doucement et verse tranquillement une tasse à son invité. Puis il montre le fauteuil au prince.
« Oui, on dirait que les lois n'ont pas statué sur mon cas. Désolé pour vous. Je m'appelle Altan. »
Le brun attrape le plat de cookies chauds et le pose sur la table en face d'Héraklès. Il place aussi la tasse de thé avec un petit sourire. C'est un bon hôte, même si personne ne lui a vraiment laissé l'occasion de le démontrer.
Altan se pose tranquillement à côté de lui en attrapant l'un de ses cookies, paisible. Ils sont bons, surtout chauds. N'empêche, il ne s'attendait pas à ce que l'autre monte vraiment... Pas sûr que quelqu'un d'autre l'aurait fait, à la place d'Hellas.
« J'espère que vous n'avez pas trop mal... »
C'est qu'il s'inquiète vachement, quand même. C'est dans sa nature. Et puis peut-être dans son éducation, aussi ? Quelle idée d'enfermer un prince dans une tour, en même temps, hein. Pfff. Galoper lui manque vachement en plus.
« C'est... C'est comment dehors ? »
L'échelle vivante se sent un peu perdue. Son ignorance quasi-complète du monde extérieure le rend vulnérable.
Dans la vie, on a besoin de réponses- rai- re-… Pff.
Prenant place sur le fauteuil, Héraklès se mit à l’aise. Le chat aussi, d’ailleurs, se faisant une petite place sur ses genoux malgré les protestations -minimes- de son coussin vivant.
- Héraklès, se présenta-t-il à son tour. Enchanté de faire votre connaissance.
Il lui adressa un signe de tête, sa main se perdant dans le pelage doux, tirant des ronronnements doux et apaisants du félin qui semblait quémander toujours plus d’attentions, roulant sur le dos, agitant ses petites pattes et minaudant toujours plus. Il voulait qu’on s’occupe de lui et juste de lui !
Rien de plus égoïste qu’un chat.
Malgré les miaulements de désaccord, le prince se libéra une main afin de s’emparer à son tour d’un des cookies et de le porter à sa bouche, savourant la texture encore moelleuse, comme il les appréciait. Miam.
Il montra ses mains dévêtues.
- Non, je n’irais pas jusqu’à dire que je m’en tire sans rien, mais c’est sûr que j’aurais quelques courbatures ce soir.
Il n’ira pas non plus dire que ça valait le coup, il attendait de voir où tout cela menait.
- Dehors ? Mmh…
Il avala une gorgée de thé pour s’éclaircir la gorge, lui permettant aussi de rassembler quelques mots.
- Dehors, ça peut être aussi grand que petit. C’est de la lumière et de l’obscurité. La nature et l’humanité.
Il aurait pu poursuivre ainsi pendant des heures, racontant ce qu’il avait vu, entendu, lu, vécu. Mais il savait que de simples mots ne pouvaient suffire lorsqu’on était avide de liberté et de sensation.
Accueil 
Jeu 8 Sep 2016 - 15:40
